C’est dans les murs de l’une des deux Brûleries Limoilou que nous étions donné rendez-vous. Par un soir tranquille, juste après une de leur pratique, ils ont gentiment accepté de partager quelques moments avec moi au sujet de leur musique et de l’esprit qui anime Émeraude. 

L’histoire du groupe Émeraude

Il s’agit initialement d’un projet de Marie-Renée Grondin. À un moment charnière de sa vie, sa quête d’équilibre l’a menée à retourner vers la composition. Comme démarche, elle s’était donnée l’objectif d’écrire une chanson par mois. Ce projet individuel s’est échelonné sur une année, puis Marie-Renée a senti le besoin de s’entourer de musiciens. Elle avait toujours joué en groupe, et elle sentait que ses chansons pouvaient être enrichies par l’apport d’autres artistes. C’est alors qu’elle a fait la rencontre de Philippe, et Émeraude s’est par la suite adjoint les services de Margaux et d’Alexandre. Ces derniers ont quitté le groupe pour se concentrer sur des projets personnels. Par la suite, Jean-François s’est joint au groupe. Il manquait quelqu’un aux percussions, et c’est par un heureux hasard que Simon s’est ajouté à leur équipe. Son arrivée dans le groupe était comme la pièce manquante au puzzle.  Depuis, Émeraude a développé son identité visuelle et auditive actuelle.

Et qui a choisi le nom? Marie-Renée: « C’est depuis que j’ai démarré le projet seule. Je cherchais un nom, puis j’ai vu la bague montée d’une émeraude que ma mère m’avait donnée. Mon projet musical était comme un trésor que m’offrait la vie, un recommencement. Émeraude représente à quel point ce projet a une valeur pour moi, et de voir notre groupe donner une vie à mes chansons m’enrichit encore aujourd’hui. »

Évolution artistique

D’un son très folk à ses débuts, Émeraude a évolué vers l’électro-pop au gré de la participation de chaque musicien dans le groupe. Simon a donné le ton aux productions actuelles qui collent bien à l’équilibre et à la place de chacun au sein du band. Selon les dires de Jean-François: « À l’origine, les squelettes de chansons de Marie-Renée servaient de base pour la composition. Après le premier EP, comme nous avions épuisé le matériel, notre façon de travailler a naturellement changé. Maintenant, la musique vient avant, par un processus collaboratif et collectif. Les paroles de Marie-Renée sont déposées après sur les chansons, et on retravaille la mélodie quelques fois. » Cette manière de créer permet de laisser chacun prendre la place qui lui revient dans le produit final.

Malgré un style synth-pop-électro, chaque membre d’Émeraude écoute un style musical différent, et rarement proche de ce qu’ils enregistrent! Pour Simon, The XX ou Radiohead. Pour Marie-Renée, sur l’effet d’un séjour au Mexique, elle est inspirée de l’underground mexicain avec sa touche suave! Elle écoute aussi Alt-J, Geoffroy, et Men I trust. Jean-François penche du côté rock, avec Red Hot Chili Peppers et Queens of the Stone age entre autres, et Caravane comme groupe local. Quant à Philippe, avec sa formation en violon classique, il écoute encore du classique de temps à autre, mais on peut découvrir Alexis on fire, Iron Maiden, Pantera, en passant par le disco dans sa liste Spotify…

La vente d’albums aujourd’hui

Il y a un grand débat là-dessus… Tous les membres du groupes s’accordent pour dire que l’industrie de la musique est en profonde transformation. Pour perdurer dans ce monde, il faut embrasser les plateformes numérique en place pour tailler sa place. On pense par exemple aux Spotify et Bandcamp de ce monde. Pour notre part, nous faisons affaire avec un distributeur digital qui nous permet d’être sur toutes les plateformes du monde entier. Nous n’avons pas besoin d’approcher qui que ce soit pour être distribué partout. À notre grande surprise, nous sommes accessibles sur SiriusXM et ça nous permet d’être joués partout, même aux États-Unis! Nous avons aussi fait le choix de favoriser les plateformes numériques plutôt que les albums physiques. Nous avons imprimé des exemplaires du premier EP qui ont tous été vendus, et nous n’avons pas l’intention d’en réimprimer, car nous en vendons seulement durant nos spectacles. On voit le CD plutôt comme un outil promotionnel qu’on peut envoyer à des stations. Nous rêvons à produire notre premier album complet sur vinyle, peut-être en prévente… mais ça reste un produit de niche, une pièce de collection!

Indépendants… pour l’instant!

L’intérêt de produire et de nous occuper de tout nous même nous donne une plus grande autonomie artistique. Pour le moment, les revenus que le groupe génère sont réinvestis en équipement ou pour financer nos projets. La musique paie la musique!

Projets à venir

Ce qui devait être un EP s’est finalement transformé en album complet, après une fin de semaine en studio à Montréal en compagnie de leur nouveau collaborateur, Paul Cargnello. Il s’agit principalement de matériel inédit, bien que quelques-unes des pièces ont pu être entendues lors de leur passage sur la scène Fibe au Festival d’été 2017. Il n’y a pas de spectacle prévu d’ici la fin de l’année, mais il y a fort à parier que le lancement du disque créera un momentum qui sera exploité par la suite!

Vers une carrière musicale à temps plein?

Marie-Renée, Simon, Jean-François et Philippe ne sentent pas la pression de quitter leurs emplois respectifs, car l’évolution actuelle du band leur convient. Si une opportunité se présente, ils prendront le temps d’évaluer le tout, mais la flexibilité de leur indépendance actuelle possède une valeur que chaque membre désire préserver. Quant au rythme de spectacles qu’ils préconisent, il s’agit de préserver l’équilibre entre la musique et leurs carrières respectives. Les longs déplacements seraient plus difficiles à planifier, et comme la scène de Québec est petite, et les bands peuvent se brûler à jouer trop souvent localement, bien que la population de la ville est friande de produits locaux…

D’ici là Émeraude garde la cadence… surveillez leur prochain album qui sortira dans les prochains mois!

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Crédit photo: Nicolas Padovani