Seul dans l’arène, Mathieu Arsenault livre et porte sa propre parole dans un monologue ininterrompu, son écriture comme seul dispositif scénique. Cherchant à parler de son temps par tous les moyens, il critique l’industrie culturelle, confronte le public à ses habitudes de consommation, mais dévoile aussi l’inquiétude qui se trouve derrière notre époque, celle d’être oublié, effacé.

Avec la complicité de Christian Lapointe, qui avait révélé la puissance scénique de son écriture en 2008 avec Vu d’ici, Arsenault vient maintenant se dévoiler à titre de performeur dans un aller-retour entre mise en jeu d’une figure fictionnelle, enquête sur l’écriture, conférence d’un auteur et interprétation actorale libre.

Le livre La vie littéraire de Mathieu Arsenault a été adapté pour la scène par Christian Lapointe en complicité avec l’auteur.

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À l’occasion de la réouverture de La Chapelle – Scènes contemporaines, l’automne 2020 voit revenir sur les planches Mathieu Arsenault avec la reprise de La vie littéraire (créée en 2017 à Montréal, puis tourné à Québec).

Véritable diarrhée verbale, dans un texte à la fois dense et complexe, le spectacle nous propose avec simplicité les multiples discours qui habite l’auteur et interprète du spectacle. Seul sur un praticable, arborant son t-shirt  »Vicky Gendreau »* en lettre dorée réfléchissante, Mathieu se lance dans le vide et nous emporte avec lui. Dans cette chute, il est parfois difficile de se raccrocher à quelque chose de concret tellement les images défilent rapidement. Certaines nous échappent complètement, d’autres font mouche malgré les quelques références un peu pointues faisant référence à des univers cher à l’auteur (jeux-vidéos, littérature et humour web) que tout le monde ne comprendra peut-être pas.

Empruntant les codes au stand-up ou encore du TED Talk (ou simplement n’importe quel type de conférence), le dispositif nous aide à entrer dans le récit sans avoir à s’empatouiller de détails ou accessoires inutiles. Seul avec son micro (dont on peut questionner l’utilisation puisque il n’ajoute pas grand chose à la performance – un entre deux pas forcément convainquant), Mathieu navigue vaillamment sur les vagues du monde littéraire dans toute sa splendeur et son hypocrisie. Comme tous milieux artistiques, celui de la littérature québécoise n’échappe pas aux travers et angles morts naissant de la compétition, du copinage et de l’élitisme médiocre, le tout faisant un sujet de conversation récurrent de bien des auteur.rices. Seul sur scène dos au rideau noir, les lettres  »Vicky Gendreau » sur le chandail de l’auteur reflètent sur le sol comme la lumière sur l’eau et pourrait nous faire penser à la lanterne que nous tenons accrochés quand nous avançons à tâtons dans le noir. C’est un peu ce que fait l’auteur en cherchant à s’approprier sa propre parole, tentant de surmonter les défis d’adaptation d’un texte pareil à la scène, tout en cherchant à comprendre le monde en constante évolution dans lequel il travaille.

Relativement court, mais d’une durée suffisante, La vie littéraire nous amène dans un voyage initiatique et critique qui ne plaira peut-être pas à tous.tes. Il est bon de saluer la présence et le travail qui se trouve derrière cette performance car il n’est pas donné à tous.tes de se lancer dans une enfilade de près de 45 minutes.

Programmé dans le cadre du Festival International de Littérature (FIL), le spectacle fera peut-être mouche un peu plus avec les adeptes et connaisseur.es du milieu de la littérature québécoise. Pour les personnes totalement étrangères à cet univers, cela leur donnera peut-être l’impression de faire une visite guidée dans un lieu où les références nous échappent et nous font perdre le fil de la visite.

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Les 21-22-25–28-29 à 19h et le 26 septembre à 16h

Texte – Mathieu Arsenault, La vie littéraire (Quartanier, 2014)

Interprétation – Mathieu Arsenault

Collaborateurs – Christian Lapointe, Simon Dumas

Assistante à la mise en scène et régisseure – Lola Tillard

Répétiteur – Jocelyn Pelletier

Une production de Rhizome

En coproduction avec le théâtre Carte Blanche et la Maison de la littérature

Avec le soutien de Recto-Verso

Coprésentation FIL 2020 et La Chapelle Scènes Contemporaines

https://lachapelle.org/fr/La%20vie%20littéraire