Joignez l’été à l’agréable et faites une petite visite de différents quartiers et attraits de Montréal avec le nouveau roman d’Éric Gauthier, Le Saint Patron des plans foireux, publié aux éditions Alire. 

Sigouin, qui a été trahi par son frère lors de sa dernière combine, décide de voler de ses propres ailes. Son amie Hortensia, antiquaire du coin, lui propose d’importer le squelette de Saint-Deodatus du Mexique pour un client montréalais prêt à bien les payer. C’est dans un container rempli de fournitures de maison hantée que le saint arrive à Montréal pour aussitôt être volé par on-ne-sait-qui. Sigouin poursuit les voleurs et assiste à la cérémonie ayant pour but de réanimer le squelette. Cérémonie qui… fonctionne! Décidé à livrer la marchandise au client, Sigouin se lance dans un labyrinthe de machinations pour arriver à ses fins.

Gauthier nous amène dans un univers de petits criminels empreint de mysticisme et de miracles. Ce livre s’inscrit dans le courant du réalisme magique, popularisé par des auteurs latinoaméricains comme Gabriel García Márquez, dans lequel des phénomènes irrationnels ou magiques font leur apparition dans le monde réel. Ce courant est intéressant car les personnages s’accommodent de ce surnaturel et l’incorporent à leur réalité comme si c’était normal. Par exemple, lorsque Sigouin espionne chez les voleurs pour retrouver le saint, il surprend le squelette assis dans un fauteuil en train de lire le journal.

Le narrateur contrôle son lecteur à la perfection en l’obligeant à suivre son personnage principal, mais aussi en lui fournissant juste assez d’informations pour qu’il ait une petite longueur d’avance sur le héros, question que le lecteur se sente plus intelligent que lui. C’est très habile de la part d’Éric Gauthier. Vous vous imaginez bien que si le personnage principal s’adapte au fait que Saint-Deodatus s’anime et communique avec eux, les autres personnages le feront aussi, ce qui donne lieu à de nombreux retournements de situation et qui fait toute la force du récit de Gauthier.

Un roman d’intrigue religieuse pourrait donner l’impression de prendre position sur l’existence ou non de Dieu, mais, dans Le Saint Patron des plans foireux, Gauthier présente une panoplie de personnages qui ont la foi ou non et qui utilisent le miracle selon leurs propres besoins. Plusieurs personnages sont plutôt croyants, allant de la stigmatisée à l’ex toxicomane qui s’en est sorti grâce à la foi – d’ailleurs une très belle scène dans les escaliers de l’Oratoire Saint-Joseph où le personnage réfléchit à sa foi – alors que d’autres ne sont pas du tout croyants et veulent simplement profiter de l’argent que peut rapporter une relique comme le squelette de Saint-Deodatus.

Il est rare que j’ai de bons mots pour une couverture d’un roman des éditions Alire, mais celle-là est très réussie. Un squelette couvert de bijoux qui mange de l’argent dans un deli, ça crée énormément d’attentes sur l’histoire, et elles sont comblées. Que dire en plus de quelques titres de chapitres qui m’ont bien fait sourire: Pas de plaisir sans risques, Cindy Crawford avec un douze, Chaos à Verdun, Squelette en goguette.

Bref, ne passez pas à côté de cette superbe lecture d’été – plus de 400 pages quand même – et prenez le temps de vous laisser embarquer dans les combines d’Éric Gauthier et son talent de conteur hors pair. Si vous voulez en entendre un peu plus à propos de ce livre, écoutez ma chronique à l’émission Au pied du lit à CIBL 101,5.

 

Titre: Le Saint Patron des plans foireux

Auteur: Éric Gauthier

Maison d’éditions: Alire

Pages: 441

Prix: 27,95$

ISBN: 9782896151998

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