Affiche Mon ami Walid
Affiche Mon ami Walid

La première médiatique à Québec du long métrage Mon ami Walid de Julien Lacroix et d’Adib Alkhalidey se déroulait le 31 janvier dernier au Grand Théâtre de Québec. Réalisé uniquement grâce au sociofinancement, cette première collaboration entre les deux jeunes visages de l’humour québécois a pu voir le jour grâce à 753 donateurs. Le film était diffusé uniquement dans certaines salles hors cinéma. La salle Louis‑Fréchette affichait une majorité de jeunes visages souriants. L’auditoire des deux humoristes semblait s’être donné rendez-vous pour ce visionnement plein de mystères. Connaissant légèrement le scénario du film, je me préparais pour une comédie légère avec deux humoristes talentueux, mais Mon ami Walid est bien plus que le prolongement de l’œuvre humoristique des deux amis. Le film s’ouvre sur une scène qui donne déjà le ton à l’ensemble de l’œuvre. Une vieille femme lance des insultes crues à son jeune garçon, trainant un lourd charriot de bouteilles, qui lui répond dans un langage vulgaire. On surfe sur la ligne fine entre l’humour et la détresse humaine.

Walid (Adib Alkhalidey) travaille dans une petite épicerie comme caissier alors qu’Antonin (Julien Lacroix) travaille dans l’arrière-boutique. Les facéties de Julien Lacroix ne peuvent que nous arracher plusieurs sourires. Le personnage d’Alkhalidey semble lui figé dans une détresse constante. Après quelques minutes de rires, la salle est restée surprise par la scène de tentative de suicide de Walid. Antonin arrive en temps pour empêcher le pire. Dès lors, les deux personnages deviennent inséparables, au grand désarroi de Walid. Commence alors une quête intérieure pour savoir comment on guérit l’envie de mourir.

Une myriade d’humoristes et d’acteurs de talent ont contribué au film. Il est impossible de passer à côté du rôle du gérant d’épicerie vicieux joué avec brio par Guy Jodoin ou encore du meneur du groupe des alcooliques anonymes beaucoup trop intense interprété par Christian Bégin. On se perd dans les détours du film, comme si on était nous-mêmes guidés par l’esprit décousu d’Antonin. Les dernières minutes du film nous jette un seau d’eau glacée au visage et nos sourires se font alors rarissimes. Lors de l’apparition du générique, la tension et l’incompréhension se lisaient sur la majorité des visages, le mien compris. On sort de la salle avec un gout doux-amer. On regrette presque nos rires, parce que cette histoire c’est un peu le reflet d’un esprit troublé et d’une énorme solitude. Les éléments se connectent et chacun bâtit son interprétation de ces 75 minutes d’humour jaune. Julien Lacroix m’a surprise à travers la versatilité dont Julien Lacroix a fait preuve dans le rôle d’Antonin. La scène finale est criante d’émotions diverses qui sont transmises de manière très réaliste par le jeune humoriste.

Mon ami Walid est un film qui, bien que décousu, nous guide dans une réflexion intérieure et nous procure de nombreux fous rires. Bien que leur tournée de première prenne fin bientôt, les deux humoristes ont indiqué à la fin du visionnement que le cinéma Le Clap à Québec ouvrira ses salles au film du 8 au 14 février 2019 à raison de deux représentations par jour. D’autres cinémas de la région sont aussi en discussion avec les humoristes afin de présenter le film dans leurs salles, notamment Sherbrooke, L’Assomption et Saint-Hyacinthe. Alkhalidey et Lacroix ont annoncé, à la fin du visionnement du film, qu’ils se relanceraient dans un projet de films prochainement, mais cette fois en suivant un chemin plus traditionnel pour le financement.

 

Mon ami Walid

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Article signé par Catherine Dionne.